La consommation abusive d’alcool des jeunes Québécois est en forte hausse depuis le début de la pandémie, mais pas leur consommation de cannabis ou de produits de vapotage, constate une nouvelle étude.
À partir de l’âge de 16 ans, ce sont au moins 40 % des jeunes qui ont admis avoir eu une consommation excessive d’alcool (au moins cinq verres en une seule occasion) tous les mois au cours de la dernière année.
Ce qu’on voit, c’est qu’il y a vraiment une courbe dans le temps, selon l’âge
, a expliqué la responsable de l’enquête, la Dre Mélissa Généreux, qui est professeure agrégée à la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke.
Nos 12-13 ans, ce n’est pas très fréquent. De l’âge de 13 ans jusqu’à l’âge de 16 ans, ça monte en flèche. Ça part de moins de 5 % à 40 % des jeunes rendus à l’âge de 16 ans qui disent avoir tous les mois au moins un épisode de consommation excessive. Et à partir de l’âge de 16 ans, ça reste à 40, 50, même pas loin de 60 % des jeunes.
Le sondage d’une dizaine de minutes a été réalisé en ligne entre le 17 janvier et le 4 février. Quelque 33 000 jeunes âgés de 12 à 25 ans, et provenant de 106 établissements d’enseignement dans quatre régions de la province, y ont répondu.
En comparaison, les plus récentes données disponibles pour le Québec montraient que 7 % des jeunes avaient une consommation excessive d’alcool au moins une fois par mois. Si on regroupe tous les jeunes qui ont participé à la nouvelle enquête, on arrive plutôt à 19 %, soit pratiquement trois fois plus.
Au niveau du cégep et de l’université, plus spécifiquement, la nouvelle enquête a constaté que 46 % des jeunes avaient une consommation excessive d’alcool, comparativement au taux de 34 % mesuré précédemment.
Consommation et santé mentale
Les jeunes du secondaire qui consommaient de manière excessive étaient plus susceptibles que les autres d’être désintéressés par l’école (35 %), a indiqué l’étude.
La consommation excessive d’alcool était aussi deux fois plus fréquente chez les jeunes qui présentaient des symptômes sérieux d’anxiété ou de dépression que chez les autres (27 %). La Dre Généreux décrit un lien assez fort
entre une moins bonne santé mentale et une consommation excessive d’alcool.
Le vapotage et la consommation de cannabis ne semblent pas avoir connu la même hausse de popularité, a ajouté la Dre Généreux, possiblement parce que les jeunes ont été moins en contact avec d’autres jeunes qui auraient pu les initier à ces pratiques. La consommation d’alcool, en revanche, était peut-être déjà connue avant la pandémie.
On peut aussi soupçonner les jeunes de ne pas avoir respecté à la lettre les directives gouvernementales qui interdisaient les fêtes privées, a-t-elle dit.
Les jeunes qui ont participé à l’enquête ont d’ailleurs confié que la pandémie a eu de multiples effets négatifs sur leur vie. Au moins la moitié des jeunes signalent ainsi une incidence négative au chapitre de la santé mentale, de la santé physique et du sentiment de bien-être.
Puisque la consommation excessive d’alcool par les jeunes se déroule essentiellement en secret depuis deux ans, on peut facilement tomber dans l’impression que ce n’est pas une si grande problématique, puisqu’on ne la voit pas et nos données sont là pour nous rappeler que ce n’est pas parce qu’on ne la voit pas que ce n’est pas un phénomène qui n’est pas réel
, a prévenu la Dre Généreux.
La Dre Généreux agit également à titre de médecin-conseil à la Direction de santé publique de l’Estrie et à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ). Elle a récemment annoncé qu’elle sera candidate à l’investiture de Québec solidaire dans la circonscription de Saint-François, en Estrie.